Le musée Guggenheim de New York est l’une des œuvres les
plus célèbres de Frank Lloyd Wright, œuvre qui a totalement transformé l’architecture
d’exposition, dépassant la traditionnelle conception des musées et de leurs
salle en enfilade sans relation entre elles ni avec l’extérieur. Dans un
premier temps, la construction d’un musée fut confiée à Wright, durant l'été
1943, par Hilla Rebay, curatrice des tableaux contemporains de la Solomon R.
Guggenheim Foundation ; il accueillerait la collection de peintures
abstraites de Solomon R. Guggenheim. On lui demanda une structure en accord
avec le caractère révolutionnaire des œuvres qu’elle devait contenir. Bien
avant le début des travaux, l’architecte dut affronter la vague de polémiques
déclenchées par son projet. On estimait qu’un édifice aussi suggestif pouvait
détourner l’attention des œuvres exposées, et les dévaloriser. « J’ai
conçu ce projet, non pour soumettre les tableaux à l’édifice, mais bien au
contraire pour faire de l’édifice et de la peinture une symphonie ininterrompue
et merveilleuse, jamais conçue dans le monde des arts », répondait Wright.
Croquis du Musée Guggenheim
Maquette du Musée Guggenheim
Le bâtiment est intégralement réalisé de coulées de béton ; il n’est pas compris comme une superposition d’étages, mais comme un continuum, une spirale dans laquelle le regard ne rencontre pas de surfaces opposées qui se coupent. Il est plutôt amené à suivre une « vague continue » qui lie la tension verticale – menant jusqu’à la source lumineuse – à l’horizontalité de l’architecture organique. L’espace intérieur se déploie sur plusieurs niveaux ; il entoure et libère le visiteur en l’invitant à créer son propre parcours. La visite devient une expérience qui permet, à chaque niveau, de percevoir différemment l’espace et les œuvres exposées. Dans ce projet, la lumière est un élément de grande importance. La lumière naturelle entre en cascade par la coupole centrale, et par les lucarnes disposées en bandeau, à intervalles réguliers, réglées par des persiennes semi-transparentes qui suivent le mouvement ascensionnel de parois courbes. Un systèmes d’éclairage artificiel à incandescence corrige la connexion entre les différentes sources de lumière et permet à cette connexion de rester invariable dans le temps.
Initialement, le choix
de New York comme contexte où insérer le musée déplut à Wright : il
considérait que la vielle chaotique et surpeuplée, une métropole qui s’éloignait
considérablement du concept de nature.
La rencontre lumière naturelle – lumière artificielle, la forme, liée et intégrée aux œuvres présentées, concourent à créer cette structure unique, où le contenant et le contenu se confondent.
Bien que l’achat du terrain ait été décidé après l’attribution
du projet, l’idée que l’édifice serait construit en milieu urbain obligea l’architecte,
dès sas premières hypothèses de projet, à se confronter à la tension verticale
de Manhattan, et à créer une relation entre elle et le musée.
Ne renonçant pas à l’horizontalité
typique de son architecture, Wright construit un édifice qui s’inspire du
concept de nature et de fusion organique entre forme et fonction.
Les
parois de la galerie, légèrement inclinées vers l’extérieur, présentent les œuvres
comme sur le chevalet de l’artiste. Au Musée Guggenheim, la spirale est
transportée à l’intérieur (au contraire, par exemple, du Planétarium Gordon
Strong). Ce revirement dedans-dehors met en relation la vielle et le musée, les
entraînant dans une sorte de « promenade d’art » permettant à la
ville de se prolonger dans le musée, et au musée de se faire accepter dans le
contexte de celle-ci.
Le choix du blanc
absolu pour l’intérieur de l’édifice accentue l’image de « coque vide »,
une forme de grande valeur plastique, évoquant un milieu accueillant. La
lumière se brise au travers des fentes vitrées, sur cette surface lisse et
presque veloutée.
Les œuvres exposées s’associent
elles-mêmes à l’enveloppe architecturale, à la fois intégrées et libérées dans
un espace étudié pour mieux les mettre en valeur.
L’implication du visiteur commence dès l’extérieur de l’édifice,
où des jardinières placées près de l’entrée invitent à la pause. L’encorbellement
curviligne entre les deux volumes forme un portique d’accès qui conduit à l’atrium.
Là, une fontaine lenticulaire marque l’entrée de la galerie dans la spirale. La
Guggenheim est aussi une intervention urbanistique de provocation et de
rupture. La contraste qu’il présente face à la régularité de la structure
urbaine, véritable échiquier de la métropole, a servi de tremplin pour tous les
mouvements académiques et anti-réactionnaires aux tendances novatrices du
Middle West et du West. Wright a réussi à exprimer l’idée du
gratte-ciel-apparition ponctuel, sans nier la nature. L’émergence figurative et
plastique du musée essaie de renouer les relations entre la vielle et la
nature, reliées par une continuité spatiale entre la Cinquième Avenue (Fifth
Avenue) et Central Park, qui lui fait face.
L’intérieur est un espace où chaque fonction est
transportée dans un mouvement rotatif ascensionnel.
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