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samedi 26 janvier 2013

Frank Lloyd Wright - Le Musée Guggenheim - New York


Le musée Guggenheim de New York est l’une des œuvres les plus célèbres de Frank Lloyd Wright, œuvre qui a totalement transformé l’architecture d’exposition, dépassant la traditionnelle conception des musées et de leurs salle en enfilade sans relation entre elles ni avec l’extérieur. Dans un premier temps, la construction d’un musée fut confiée à Wright, durant l'été 1943, par Hilla Rebay, curatrice des tableaux contemporains de la Solomon R. Guggenheim Foundation ; il accueillerait la collection de peintures abstraites de Solomon R. Guggenheim. On lui demanda une structure en accord avec le caractère révolutionnaire des œuvres qu’elle devait contenir. Bien avant le début des travaux, l’architecte dut affronter la vague de polémiques déclenchées par son projet. On estimait qu’un édifice aussi suggestif pouvait détourner l’attention des œuvres exposées, et les dévaloriser. « J’ai conçu ce projet, non pour soumettre les tableaux à l’édifice, mais bien au contraire pour faire de l’édifice et de la peinture une symphonie ininterrompue et merveilleuse, jamais conçue dans le monde des arts », répondait Wright.
 Croquis du Musée Guggenheim

Maquette du Musée Guggenheim

Le bâtiment est intégralement réalisé de coulées de béton ; il n’est pas compris comme une superposition d’étages, mais comme un continuum, une spirale dans laquelle le regard ne rencontre pas de surfaces opposées qui se coupent. Il est plutôt amené à suivre une « vague continue » qui lie la tension verticale – menant jusqu’à la source lumineuse – à l’horizontalité de l’architecture organique. L’espace intérieur se déploie sur plusieurs niveaux ; il entoure et libère le visiteur en l’invitant à créer son propre parcours. La visite devient une expérience qui permet, à chaque niveau, de percevoir différemment l’espace et les œuvres exposées. Dans ce projet, la lumière est un élément de grande importance. La lumière naturelle entre en cascade par la coupole centrale, et par les lucarnes disposées en bandeau, à intervalles réguliers, réglées par des persiennes semi-transparentes qui suivent le mouvement ascensionnel de parois courbes. Un systèmes d’éclairage artificiel  à incandescence corrige la connexion entre les différentes sources de lumière et permet à cette connexion de rester invariable  dans le temps.

Initialement, le choix de New York comme contexte où insérer le musée déplut à Wright : il considérait que la vielle chaotique et surpeuplée, une métropole qui s’éloignait considérablement du concept de nature.


La rencontre lumière naturelle – lumière artificielle, la forme, liée et intégrée aux œuvres présentées, concourent à créer cette structure unique, où le contenant et le contenu se confondent.

Bien que l’achat du terrain ait été décidé après l’attribution du projet, l’idée que l’édifice serait construit en milieu urbain obligea l’architecte, dès sas premières hypothèses de projet, à se confronter à la tension verticale de Manhattan, et à créer une relation entre elle et le musée.

Ne renonçant pas à l’horizontalité typique de son architecture, Wright construit un édifice qui s’inspire du concept de nature et de fusion organique entre forme et fonction.

Les parois de la galerie, légèrement inclinées vers l’extérieur, présentent les œuvres comme sur le chevalet de l’artiste. Au Musée Guggenheim, la spirale est transportée à l’intérieur (au contraire, par exemple, du Planétarium Gordon Strong). Ce revirement dedans-dehors met en relation la vielle et le musée, les entraînant dans une sorte de « promenade d’art » permettant à la ville de se prolonger dans le musée, et au musée de se faire accepter dans le contexte de celle-ci.

Le choix du blanc absolu pour l’intérieur de l’édifice accentue l’image de « coque vide », une forme de grande valeur plastique, évoquant un milieu accueillant. La lumière se brise au travers des fentes vitrées, sur cette surface lisse et presque veloutée.

Les œuvres exposées s’associent elles-mêmes à l’enveloppe architecturale, à la fois intégrées et libérées dans un espace étudié pour mieux les mettre en valeur.

L’implication du visiteur commence dès l’extérieur de l’édifice, où des jardinières placées près de l’entrée invitent à la pause. L’encorbellement curviligne entre les deux volumes forme un portique d’accès qui conduit à l’atrium. Là, une fontaine lenticulaire marque l’entrée de la galerie dans la spirale. La Guggenheim est aussi une intervention urbanistique de provocation et de rupture. La contraste qu’il présente face à la régularité de la structure urbaine, véritable échiquier de la métropole, a servi de tremplin pour tous les mouvements académiques et anti-réactionnaires aux tendances novatrices du Middle West et du West. Wright a réussi à exprimer l’idée du gratte-ciel-apparition ponctuel, sans nier la nature. L’émergence figurative et plastique du musée essaie de renouer les relations entre la vielle et la nature, reliées par une continuité spatiale entre la Cinquième Avenue (Fifth Avenue) et Central Park, qui lui fait face.

L’intérieur est un espace où chaque fonction est transportée dans un mouvement rotatif ascensionnel.